Ecocide

Une mise en scène de la dématérialisation du vivant

Les coraux abritent des micro-algues appelées zooxanthelles. Celles-ci vivent en symbiose avec leur hôte : elles se nourissent de ses déchets métaboliques et lui fournissent en échange de l'oxygène et des nutriments issus de la photosynthèse. En situation de stress, les coraux expulsent leurs zooxanthelles. Le spectateur, force géologique majeure, génère ce stress libérateur par un contact physique avec l'habitat des coraux. Ces micro-algues constituent un précieux carburant engloutit au profit d'une séquence numérique divertissante.

Sous un autre mode de matérialisation - illisible et binaire - les particules s'inscrivent dans la silice, s'enfouissent dans la matière, se transmutent en images et en sons. Un paysage sonore dans lequel la faune et les éléments se délitent, imite cette virtualisation de la matière. Les couleurs, l'eau, les textures sonores échappent à nos sens suite au changement d'échelle temporelle et spatiale provoqué par le processus d'abstraction.

L'eau et les zooxanthelles évacués de l'habitat des coraux font figurer l'appauvrissement de la biodiversité. A la manière de vases communicants, le liquide alimente la diversité numérique. Les zooxanthelles forment un carburant qui allimente la croissance du nombre de transistor par microprocesseur, de domaines sur internet, de transactions bitcoins. Une diversité numérique dont l'élaboration et l'exploitation ont des conséquences bien matérielles; des déchets que les zooxanthelles n'ingèrent pas. La tragédie d'une symbiose perdue.

Installation montée au festival Le Siphon de l'Univers, à Avranches les 21 et 22 juillet 2018.

Crédits
Conception : François Salmon
Réalisation : Florine Bel, Arthur Frick, Clémence Reliat, Baptiste Maffrand, Alice Mignon, Simon Prieur, François Salmon.